Lors de cet événement, producteurs, juristes, scénaristes et techniciens ont confronté leurs expériences autour de l’usage de l’intelligence artificielle dans l’audiovisuel. Les débats ont mis en lumière un constat partagé : l’IA s’impose déjà comme un outil incontournable, mais son intégration soulève autant d’espoirs que de questions.

Un outil au service des métiers
Certains intervenants l’utilisent déjà au quotidien pour optimiser les tâches administratives, fluidifier les workflows ou encore pallier des contraintes techniques. Exemple marquant : la reconstitution de la voix d’un comédien absent, grâce à l’IA, dans un court-métrage. D’autres prestataires voient dans ces technologies un levier de production : générer des décors, compléter des plans, réduire des coûts ou débloquer des ambitions visuelles jusqu’ici hors de portée.
La vigilance juridique et éthique
Le débat a largement porté sur la question du droit d’auteur. Inspirée par les mobilisations de la WGA aux États-Unis, la SACD et les sociétés de gestion françaises ont commencé à cadrer l’usage de l’IA via des clauses spécifiques et des systèmes d’opt-out. Le CSPLA réfléchit par ailleurs à des solutions de rémunération, comme une place de marché permettant de contractualiser l’utilisation des œuvres dans l’entraînement des modèles.
Netflix a aussi diffusé un guide encadrant l’usage de l’IA, preuve que les diffuseurs prennent conscience du risque juridique et créatif.
Les scénaristes entre méfiance et curiosité
Pour les auteurs, l’IA peut servir d’aide au brainstorming ou de support marketing pour valoriser un projet auprès de producteurs et diffuseurs. Mais elle ne remplace pas l’écriture, ni la singularité d’une voix d’auteur. Les syndicats rappellent la nécessité de rester vigilants quant à la transparence, à la traçabilité et à la sécurité des textes soumis aux outils.
Former et accompagner les usages
Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité d’informer et de former les professionnels, notamment les jeunes. L’IA peut accélérer la production de contenus, mais elle risque aussi d’appauvrir la qualité si elle n’est nourrie que de données synthétiques. La culture générale, l’esprit critique et la capacité à se singulariser resteront des atouts essentiels.
Opportunité ou menace ?
Si certains craignent une « paresse intellectuelle » et la disparition de métiers de niche, d’autres y voient une chance pour repositionner la valeur sur l’écriture et la création artistique. L’IA pourrait réduire certaines tâches répétitives et libérer du temps pour renforcer ce qui compte le plus : la relation humaine entre auteurs, producteurs, diffuseurs et techniciens.
Entre prudence juridique et audace créative, l’IA esquisse déjà une nouvelle ère pour l’audiovisuel. Elle ne sera ni une baguette magique ni une menace fatale, mais un outil à apprivoiser. Aux professionnels désormais d’inventer les usages, d’oser expérimenter et d’imposer un cadre clair pour que la technologie serve toujours l’humain et la création.